Beschreibung:

Morand, Paul FEUILLES DE TEMPÉRATURE. PARIS, AU SANS PAREIL, 1920. In-12 carré (177 x 133 mm). Demi-chagrin vert, dos lisse, initiales "M.P." dorées en pied du dos, tête dorée, couverture et dos (R. Teuliêres). Dos passé. Édition originale tirée à 230 exemplaires numérotés ; celui-ci un des 215 sur vergé blanc de Hollande (n° 20). Long envoi autographe signé à Marcel Proust : "À Marcel Proust ce livre édité presque sous ses fenêtres, pendant son sommeil. Est-ce de la poésie, qu’on reconnaît, d’après H. Bidou, à ce qu’elle s’inspire de la nature, de l’eau-de-vie et de l’amour ? C’est, en tout cas, dans la crainte de ce qu’on nomme lyrisme que ceci fut écrit. Je dis la planète intolérable avant qu’elle le soit tout à fait (et elle ne le sera pas tant qu’on vivra, Marcel, près de vous), par mesure préventive, pour apaiser les dieux. Ce livre est un fer à cheval au-dessus de la porte. Ce pieux devoir accompli, il ne restera plus qu’à attendre de sombres heures que je vous souhaite cependant sans courants d’air et non dépourvues de café noir. En bien profonde et affectueuse admiration. Paul Morand". Le 28 juillet 1920, Proust écrira à Paul Morand pour le remercier de cet envoi et d’un article qu’il lui avait consacré dans une revue américaine ("Marcel Proust, un maître du Roman Français Contemporain" dans La France, an American Magazine) : "Il n’y a pas une seule ligne de votre livre qui ne soit ainsi un démenti de la vérité. Mais comme cette vérité est l’apparence, vous créez, sans discontinuité, de la réalité" (Kolb, XIX, p. 380). Marcel Prout avait rencontré Paul Morand au cours de l’été 1916, alors qu’il était jeune attaché d’ambassade au Quai d’Orsay, et s’était peu à peu lié avec lui. À partir de 1917, les deux amis dînent souvent ensemble au Ritz, avec la princesse Soutzo que Morand épousera. Morand a consacré plusieurs articles à Proust et même par un poème, "Ode à Marcel Proust", inséré dans son recueil de vers livres Lampes à arc. En 1921, Proust donne une importante préface à Tendres Stocks, et mentionnera Morand dans sa Recherche : Charlus mentionne le "charmant Morand l’auteur délicieux de Clarisse". Morand consacre encore de nombreuses pages à son ami en 1949 dans Le Visiteur du soir.