Beschreibung:

Statue d'ancêtre bawong tchitcherik (?) Moba - TOGO Bois H. 72 cm Provenance Jean-Michel-Huguenin, Paris Statue extrêmement schématisée au tronc massif, les épaules évoquées par une encoche horizontale à hauteur de la poitrine, les bras indiqués par une incision sur le bas du tronc, les hanches accentuées par une ceinture à la base du torse. LES STATUES D'AUTELS MOBA Les Moba sont originaires des cantons ruraux de la région de Dapaon qui se trouve à 700 km au nord de Lomé. Ils forment une population de 100 000 individus environ, appartenant à des clans. On trouve chez les Moba des statues d'autels monoxyles, nommées tchitcheri (sing. tchitcherik) représentant une forme humaine abstraite. Ces statues existent aussi en fer forgé et en os, ces dernières utilisées comme pendentifs. Le premier Occidental à avoir remarquer la présence de statues anthropomorphes en pays moba fut Leo Frobenius en 1908, lors de son voyage au Soudan français et au Togoland, qui en donne la description et l'usage dans son ouvrage Die Moba in Und Afrika Sprach, 1912, vol.3, pp. 414 à 440. Au début des années 70, l'antiquaire voyageur belge Christian Duponcheel remarqua aussi ces sculptures et en acquit plusieurs. Par la suite, des antiquaires africains se sont intéressés à cet art «très avant-gardiste». La première exposition cataloguée d'art moba fut Moba Togo eu lieu à Paris en juin 1991, organisée par Pierre Amrouche et Amadou Thiam. Dans un article de référence apparu en 1987 dans la revue African Arts, l'historienne de l'art et ethnologue Christine Muellen Kreamer a établi leur fonction et utilisation. Selon elle, les statues renforcent l'efficacité des autels en invoquant l'influence positive des ancêtres sur la vie des mortels. Les tchitcheri aident les autels Moba à étendre leur protection mystique à l'individu, la famille ou au clan, ils soutiennent les efforts rituels des Moba pour garantir santé et prospérité (Muellen Kreamer 1987, p. 55). Les statues se divisent en trois catégories distinctes: les petites, les moyennes et les grandes. A chaque dimension correspond un usage spécifique. Les plus petites statuettes (yendu tchitcheri) sont généralement utilisées pour le culte des divinités personnelles nommées «Yendu». L'autel Yendu a une fonction protectrice et instaure un rapport direct avec la divinité. Les deux autres types de statues d'autel représentent, quant à eux, des ancêtres (Ibid., p. 53). Les tchitcheri de taille moyenne (25 à 90 cm de haut) composent le deuxième type de statues réservé aux autels des maisons. On les trouve autour des habitations, posés sur le sol, pendus le long des murs extérieurs de l'entrée ou plantés en terre près du lieu sacrificiel principal de l'enceinte. Cet autel familial (bawong) favorise la santé et la prospérité des familles, la reproduction des animaux et le succès des récoltes. (Ibid., p. 54). Les statues d'autels du troisième type sont de haute taille, dépassant parfois le mètre. Ces sculptures s'appellent tchitcheri sakab (sakab = ancêtre). Elles sont enfoncées profondément dans le sol jusqu'á mi-corps, parfois même jusqu'à la poitrine. Elles représentent un ancêtre dont elles portent le nom, rattaché à la généalogie d'une famille particulière, d'un village entier ou d'une partie d'un rassemblement. La tradition locale dit que les statues de clan ont été plantées par l'ancêtre fondateur lui-même ou par son fils. (Ibid., p. 54). Les musées allemands, du fait de leur passé colonial au Togo, conservent les premières statues Moba parvenues en Europe au début du XXe siècle. Références bibliographiques: Pierre Amrouche, Amadou Thiam, Moba Togo, Paris, 1991 Extrait de Christine Muellen Kreamer, «Moba Shrine Figures», African Arts, vol. 20, n° 2, février 1987, pp. 52-55, 82, 83