Beschreibung:

TÊTE D'ANGE en pierre calcaire sculptée en ronde-bosse. Visage ovale aux traits réguliers avec les yeux étirés en longueur, les paupières supérieures légèrement incurvées, les paupières inférieures rectilignes, les globes oculaires peu saillants, un nez long et fin, la bouche bien dessinée à la lèvre inférieure en retrait, le menton proéminent et lourd; chevelure partagée par une raie médiane tombant dans le cou; mèches fortement ondulées autour du visage, s'écartant sur les côtés et au niveau des tempes; une petite mèche figure à la hauteur des oreilles à l'arrière des joues. Picardie ou Normandie, seconde moitié du XIIIe siècle Hauteur: 29,5 cm - Profondeur: 20,5 cm Socle en marbre noir (légers accidents et érosion) Provenance: achetée il y a 52 ans au commerce parisien par le collectionneur. Ouvrages consultés: Exposition Châlons-en-Champagne 2006, Regards sur l'art médiéval, Musée des Beaux-arts et d'Archéologie, cat.; Exposition New York 2007, Set in Stone - The Face in Medieval Sculpture, The Metropolitan Museum, cat.; M. Aubert, La sculpture française au Moyen Age, Paris, 1946; F. Joubert, La Sculpture gothique en France XIIe-XIIIe siècles, Paris, 2008; Exposition Paris 2010, Paris ville rayonnante, musée de Cluny - musée national du Moyen Age, M. Cohen et X. Dectot, cat. Cette tête d'ange, de taille naturelle, appartenait à une grande statue à l'image de celles ornant les portails des cathédrales. Sa stricte frontalité et son expression d'une sérénité impassible sont semblables à celles de l'imposante tête d'ange du premier quart du XIIIe siècle conservée au musée de Cluny qui provient de Notre-Dame (inv. CL. 22969, fig.a). Elle est indiquée comme ayant appartenu à un ange de l'ébrasement gauche du portail du Couronnement de la Vierge accompagnant une statue de saint Denis. Il est à remarquer que cette représentation est très différente de l'expressivité des deux anges « au sourire », vers 1240, qui encadraient à l'origine une figure également de saint Denis au portail de Reims (fig. b). Il peut enfin aussi s'agir de la tête d'un ange de l'Annonciation qui arbore parfois une grande impassibilité comme le montre celui de la cathédrale d'Amiens datant des années 1230 (fig.c). Du point de vue stylistique, cette tête semble un peu plus tardive que ces précédents exemples. L'ovale du visage, les yeux effilés vers les tempes, les boucles de la chevelure, la lourdeur du menton sont des caractères que l'on observe sur une tête d'une Vertu théologale de Notre-Dame datée avant 1258 (Cl.23128, fig.d). Cependant ces caractères sont interprétés avec force, les modelés plus affirmés, les rides d'expression bien marquées. Ici tout est adouci avec les arcades sourcilières juste suggérées, les yeux à peine saillants, les commissures pleines des lèvres qui confèrent une idéalisation à cette représentation angélique; on est encore loin des traits stéréotypés qu'adopte plus tard la statuaire au XIVe siècle. Sa localisation précise n'est pas aisée à établir. La nature de la pierre donnée par Annie Blanc, géologue, après analyse en cathodoluminescence nous éclaire un peu: il s'agirait en effet d'un “calcaire blanc fin micritique de type craie blanche de Normandie ou de Picardie”.