Beschreibung:

Cinq lettres autographes et une carte autographe signées à Charles Dullin. Ville D'Avray, 17 pages in-4, in-8 et in-16, circa 1935. Belle correspondance de Jean Anouilh adressée au grand acteur et directeur de théâtre Charles Dullin, relative aux difficultés rencontrées par Anouilh et à sa volonté de plaire à Dullin. « Vous avez tout votre temps. Asseyez vous confortablement avec de l'alcool et de quoi fumer car voici une longue lettre. Je crois assez à la sympathie que j'ai pour les gens parce que ça ne m'arrive pas souvent, autant dire jamais. J'ai deux ou trois amis pour usage intime, comme tout le monde mais je n'ai pas de sympathie pour eux... J'ai de la sympathie pour vous. (J'espère que vous comprendrez ce galimatias). Le préambule était pour vous dire que je ne la galvaude pas et qu'elle n'a rien à voir avec l'amitié (que je n'ai encore pas la possibilité de vous porter et que je ne vous porterai peut être jamais). Il faut que j'ajoute encore avant de commencer ma vraie lettre que j'avais jusqu'ici eu de la sympathie pour des pêcheurs, des jardiniers, des enfants, des chiens mais jamais pour des directeurs de théâtre »... « Depuis janvier 33, nous avons vécu deux ans de misère- mais alors de vraie misère -nous avons si peu mangé un hiver qu'il m'a fallu un mois pour rééduquer mon estomac, tel le prisonnier. Nous avons erré des nuits entières dans des salles d'attente. On ne sait pas jusqu'où on peut tomber à Paris même en connaissant beaucoup de monde, pour peu qu'on soit maladroit »... « Dès que j'ai eu une autre pièce jouée, un peu d'argent pour vivre, j'ai refusé de faire jouer « La Sauvage » avec des Feuillère, quelque soient leurs qualités. Je sais que ma femme est comédienne au sens qu'on donne habituellement à ces mots mais vous savez comme moi ce que ça vaut, n'importe quelle petite femme féminine est comédienne comme ça et ça ne va pas loin... Elle a cependant quelque chose qui est rare et que je voudrais vous expliquer, elle est un spectacle. C'est-à-dire que ses étonnements, ses joies, ses peines, se manifestent immédiatement de la façon la plus juste, la plus frappante »... ... « Faire une pièce « neuve » sur un sujet de veine ordinaire, ou alors un divertissement mais je suis encore trop tourmenté pour écrire un divertissement... Vous avez votre responsabilité, j'ai oublié de vous le dire. Il y a deux ou trois ans je vous ai porté une pièce « Le Bal des voleurs » qui ne valait pas cher peut être mais qui était mon premier essai de divertissement. Vous ne m'avez jamais répondu... ».