Premium pages left without account:

Auction archive: Lot number 240

[CAMUS, Albert (1913-1960)] SARTRE, Jean-Paul (1905-1980). Manuscrit autographe pour la nécrologie d'Albert Camus, [5-6 janvier 1960]

Livres rares et Manuscrits
9 Nov 2012 - 21 Nov 2012
Estimate
€10,000 - €15,000
ca. US$12,827 - US$19,241
Price realised:
€17,640
ca. US$22,628
Auction archive: Lot number 240

[CAMUS, Albert (1913-1960)] SARTRE, Jean-Paul (1905-1980). Manuscrit autographe pour la nécrologie d'Albert Camus, [5-6 janvier 1960]

Livres rares et Manuscrits
9 Nov 2012 - 21 Nov 2012
Estimate
€10,000 - €15,000
ca. US$12,827 - US$19,241
Price realised:
€17,640
ca. US$22,628
Beschreibung:

[CAMUS, Albert (1913-1960)] Jean-Paul-SARTRE (1905-1980). Manuscrit autographe pour la nécrologie d'Albert Camus, [5-6 janvier 1960] 7 pp. autographes sur 7 ff. in-4 quadrillés (270 x 210 mm), encres noire et bleue, pagination continue. Corrections autographes, nombreux passages barrés et soulignés (les passages soulignés correspondent aux passages en italique dans la version publiée). "Il y a six mois, hier encore, on se demandait : « Que va-t-il faire ? »" Exceptionnel manuscrit de Jean-Paul-Sartre pour son article paru dans France Observateur trois jours après le tragique accident d'Albert Camus. Décédé le 4 janvier 1960 au retour de Lourmarin à bord de la voiture de Michel Gallimard, Albert Camus laisse derrière lui le manuscrit inachevé du roman autobiographique Le Premier homme, retrouvé dans sa mallette sur le lieu de l'accident. Plus qu'un livre, c'est toute une oeuvre littéraire et philosophique qui reste inachevée, trop tôt interrompue par cette mort "imprévisible et venue d'ailleurs" et qu'il faut pourtant "apprendre à voir (...) comme une oeuvre totale" (p. 7). "Rarement, les caractères d’une oeuvre et les conditions du moment historique ont exigé si clairement qu’un écrivain vive." Dans cet émouvant tombeau paru le 7 janvier 1960 puis repris dans Situations IV, Sartre rend un ultime hommage à celui qui refusait que l'on associe sa pensée au mouvement existentialiste, révélant dans ces lignes toute l'ambiguïté de ses sentiments à l'égard de ce "cartésien de l'absurde" (p. 3). Depuis leur rencontre lors de la générale des Mouches au Théâtre de la Cité en 1943, jusqu'à leur rupture définitive en 1952, les deux intellectuels aux trajectoires et aux ambitions croisées se sont appréciés, admirés et critiqués, évoluant toujours en parallèle malgré des oppositions idéologiques fondamentales. À la fois proches et dissemblables, les deux hommes se sollicitent mutuellement pour divers projets. Peu après leur rencontre, Sartre propose à Camus de mettre en scène Huis clos et d'y jouer le rôle principal, tandis que Camus devient rédacteur en chef du journal Combat en 1943 et y publie des reportages de Sartre sur la libération de Paris puis sur l'Amérique ; c'est encore Camus que Sartre sollicite pour faire partie du comité de rédaction de la revue Les temps modernes dont il prend la direction dès 1945. Après la guerre, les philosophes continuent d'entretenir une forme de dialogue à distance, développant chacun leur propre réflexion autour de la condition humaine et se répondant via oeuvres interposées. Liés jusque dans les récompenses, ils recevront chacun le prix Nobel de littérature, que Sartre déclinera, arguant que l'écrivain doit "refuser de se laisser transformer en institution" (Sartre, Le Monde, 24 octobre 1964). "L’accident qui a tué Camus, je l’appelle scandale parce qu’il fait paraître au coeur du monde humain l’absurdité de nos exigences les plus profondes." Dès les premières lignes de l'article, Sartre évacue le sujet de leur dispute, minimisant le conflit à "une brouille" et estimant qu' "une brouille, ce n'est rien (...), tout juste une autre manière de vivre ensemble sans se perdre de vue dans le petit monde étroit qui nous est donné." (p. 1) La rupture, précipitée par l'article assassin que Francis Jeanson publiait en mai 1952 dans la revue de Sartre Les Temps modernes suite à la sortie de L'Homme révolté, se cristallise autour de la question des libertés en URSS : Camus, qui vit pour un idéal de justice et n'admet aucune forme de violence, associe le stalinisme au fascisme, tandis que Sartre lui cherche des circonstances atténuantes et revendique, à la suite de Merleau-Ponty, une certaine forme de violence légitime au nom du marxisme. Surmontant ces désaccords sans les oublier, Sartre souligne chez Camus un "humanisme têtu, étroit et pur, austère et sensuel" qui fait de lui "l'héritier actuel de cette longue lignée de moralistes dont les œuvres constituent peut-être ce qu'il y a de plus original dans les lettr

Auction archive: Lot number 240
Auction:
Datum:
9 Nov 2012 - 21 Nov 2012
Auction house:
Christie's
King Street, St. James's 8
London, SW1Y 6QT
United Kingdom
+44 (0)20 7839 9060
+44 (0)20 73892869
Beschreibung:

[CAMUS, Albert (1913-1960)] Jean-Paul-SARTRE (1905-1980). Manuscrit autographe pour la nécrologie d'Albert Camus, [5-6 janvier 1960] 7 pp. autographes sur 7 ff. in-4 quadrillés (270 x 210 mm), encres noire et bleue, pagination continue. Corrections autographes, nombreux passages barrés et soulignés (les passages soulignés correspondent aux passages en italique dans la version publiée). "Il y a six mois, hier encore, on se demandait : « Que va-t-il faire ? »" Exceptionnel manuscrit de Jean-Paul-Sartre pour son article paru dans France Observateur trois jours après le tragique accident d'Albert Camus. Décédé le 4 janvier 1960 au retour de Lourmarin à bord de la voiture de Michel Gallimard, Albert Camus laisse derrière lui le manuscrit inachevé du roman autobiographique Le Premier homme, retrouvé dans sa mallette sur le lieu de l'accident. Plus qu'un livre, c'est toute une oeuvre littéraire et philosophique qui reste inachevée, trop tôt interrompue par cette mort "imprévisible et venue d'ailleurs" et qu'il faut pourtant "apprendre à voir (...) comme une oeuvre totale" (p. 7). "Rarement, les caractères d’une oeuvre et les conditions du moment historique ont exigé si clairement qu’un écrivain vive." Dans cet émouvant tombeau paru le 7 janvier 1960 puis repris dans Situations IV, Sartre rend un ultime hommage à celui qui refusait que l'on associe sa pensée au mouvement existentialiste, révélant dans ces lignes toute l'ambiguïté de ses sentiments à l'égard de ce "cartésien de l'absurde" (p. 3). Depuis leur rencontre lors de la générale des Mouches au Théâtre de la Cité en 1943, jusqu'à leur rupture définitive en 1952, les deux intellectuels aux trajectoires et aux ambitions croisées se sont appréciés, admirés et critiqués, évoluant toujours en parallèle malgré des oppositions idéologiques fondamentales. À la fois proches et dissemblables, les deux hommes se sollicitent mutuellement pour divers projets. Peu après leur rencontre, Sartre propose à Camus de mettre en scène Huis clos et d'y jouer le rôle principal, tandis que Camus devient rédacteur en chef du journal Combat en 1943 et y publie des reportages de Sartre sur la libération de Paris puis sur l'Amérique ; c'est encore Camus que Sartre sollicite pour faire partie du comité de rédaction de la revue Les temps modernes dont il prend la direction dès 1945. Après la guerre, les philosophes continuent d'entretenir une forme de dialogue à distance, développant chacun leur propre réflexion autour de la condition humaine et se répondant via oeuvres interposées. Liés jusque dans les récompenses, ils recevront chacun le prix Nobel de littérature, que Sartre déclinera, arguant que l'écrivain doit "refuser de se laisser transformer en institution" (Sartre, Le Monde, 24 octobre 1964). "L’accident qui a tué Camus, je l’appelle scandale parce qu’il fait paraître au coeur du monde humain l’absurdité de nos exigences les plus profondes." Dès les premières lignes de l'article, Sartre évacue le sujet de leur dispute, minimisant le conflit à "une brouille" et estimant qu' "une brouille, ce n'est rien (...), tout juste une autre manière de vivre ensemble sans se perdre de vue dans le petit monde étroit qui nous est donné." (p. 1) La rupture, précipitée par l'article assassin que Francis Jeanson publiait en mai 1952 dans la revue de Sartre Les Temps modernes suite à la sortie de L'Homme révolté, se cristallise autour de la question des libertés en URSS : Camus, qui vit pour un idéal de justice et n'admet aucune forme de violence, associe le stalinisme au fascisme, tandis que Sartre lui cherche des circonstances atténuantes et revendique, à la suite de Merleau-Ponty, une certaine forme de violence légitime au nom du marxisme. Surmontant ces désaccords sans les oublier, Sartre souligne chez Camus un "humanisme têtu, étroit et pur, austère et sensuel" qui fait de lui "l'héritier actuel de cette longue lignée de moralistes dont les œuvres constituent peut-être ce qu'il y a de plus original dans les lettr

Auction archive: Lot number 240
Auction:
Datum:
9 Nov 2012 - 21 Nov 2012
Auction house:
Christie's
King Street, St. James's 8
London, SW1Y 6QT
United Kingdom
+44 (0)20 7839 9060
+44 (0)20 73892869
Try LotSearch

Try LotSearch and its premium features for 7 days - without any costs!

  • Search lots and bid
  • Price database and artist analysis
  • Alerts for your searches
Create an alert now!

Be notified automatically about new items in upcoming auctions.

Create an alert