Beschreibung:

Louis-Ferdinand CELINE 2 l.a.s. à Georges Bidault, 1950 14 p. grand in-4 et 1 p. in-4. Frappé par l'élan de confiance et d'espoir qui émanait de l'allocution de Noël de Georges Bidault prononcée à la radio le 24 décembre 1949, Céline lui adresse ces deux lettres. A cette époque, Céline est exilé au Danemark, et se débat pour pouvoir rentrer libre en France, lançant des appels à toutes les bonnes volontés possibles pour le tirer de là. C'est dans ce cadre qu'il écrit au Président du Conseil. Mais quelle lettre ! Il lui " écrit familièrement, presque sur le ton de la conversation et parsème sa requête, comme il en avait l'habitude, de coups de pattes aux uns et aux autres. […] Quel autre proscrit en passe de comparaître devant une Cour de Justice aurait écrit de cette façon au Président du Conseil ? […] Ces deux lettres […] constituent une parfaite illustration de l'originalité foncière de Céline, de sa verve, de sa faconde, de son esprit frondeur et de cette manière si particulière et si sympathique qu'il avait de ne jamais se prendre au sérieux " (Fr. Gibault, p. 48-50). - 14 p. gr. in-4. Korsor (Danemark), 2 janv. 1950. Signées L.F. Céline. " Monsieur le Président, je n'ai pas entendu, je n'ai pas la radio, mais aujourd'hui je reçois, imprimée, votre allocution de Noël, au français, admirable ! Je suis ému… quels termes. […] Oh la ! moi qui suis engagé volontaire dans des deux guerres, mutilé à 75 %, médaillé militaire depuis nov. 1914, pensez si les larmes me montent ! Surtout que je gis sur mon grabat glacial malade à crever. […] J'ai tout souffert, tout perdu dans cette effroyable aventure d'avoir prétendu, prétentieux, faire entendre ma voix chétive et burlesque, avant que s'ouvrent les Abattoirs. On ne m'y reprendra plus je vous l'assure M. le Président ! Vous êtes encore bien dévoué de vous occuper encore des hommes ! […] Si la Guerre est l'industrie nationale des Allemands, je crois que la persécution de l'Ecrivain est le vice national des Français. Vous connaissez l'Histoire, Monsieur le Président. Après tout, tout de même, il serait peut-être temps que ça change un peu… vous seriez bien aimable, ça serait peut-être votre très g[ran]d titre de gloire, de dire à Mayer [ministre de la justice] qu'il me foute la paix ! Qu'il aille passer son épilepsie ailleurs ! […] Qu'est-ce qu'il a fait Monsieur Mayer de national ? perverti la monnaie ? l'adultéré ? Pas de quoi se vanter Mr Mayer… Et certainement pas de quoi me persécuter ! C'est un saboteur né cet homme ". - S.d. [janvier 1950], 1 p. in-4, au verso d'une photocopie de la reproduction de l'Illustré national de nov. 1914 célébrant l'action héroïque du " maréchal des logis Destouches, du 12e régiment de cuirassiers ". Signé L.F. Céline. " A Monsieur Georges Bidault, président du Conseil. Soyons calme, justes et courageux ! Nom de Dieux ! A la bonne vôtre !" Ces mots reprennent ceux du discours du Président. Très belle lettre de Céline. Bibliographie : " Deux lettres inédites de Louis-Ferdinand Céline à Georges Bidault ", in Bulletin des amis de Georges Bidault, n° 2, oct. 1988, p. 39-71, avec notamment une présentation de Fr. Gibault " Céline au Danemark ", p. 47-50.