Beschreibung:

Ensemble d'environ 50 lettres autographes, la plupart signées de ses initiales ou d'un paraphe. 1894-1895 et s.d. Brûlante correspondance amoureuse et littéraire. - S.l., [avril 1894] : « ... & voici les bons conseils : aimer si l'on aime, & ne rien refuser à qui l'on s'est donnée, et bien être persuadée que le rachat de la vilenie humaine n'est pas dans le mépris de cette vilenie mais dans son exaltation, à force de tendresse & de rêve, jusqu'à l'idéal même - et vous en avez bien le sentiment, vous en qui, inquiète encore et pas précisée, vit, je le crois, une âme de vrai poète, c'est-à-dire de réalisateur... Il faut que tout se réalise, même la chimère et l'infini. Le rêve se fait poème, l'amour se fait baiser ; comme Dieu s'est fait homme. Autres conseils : travaillez six heures par jour, - dont trois heures de lecture. Lire les plus condensés écrivains : Corneille, Montesquieu, Gautier, Leconte de Lisle, Mérimée, Baudelaire - pour habituer votre esprit à l'ordre, à l'intensité, à l'absence de bavochure ; vous obliger - comme on fait des exercices au piano - à faire des vers dans les rhythmes les plus étroits, les plus difficiles, - vous y asservir courageusement, avec la recherche des rimes les plus rares, sans adjectifs, & des prosodies les plus rigoureuses... ». - S.l., [mai 1894] : « M'aimez-vous ? Je t'aime... ». - S.l., [juillet 1894] : « ... Le trois ou le quatre... je serai à Vierzon, à l'hôtel du Boeuf. Je t'y trouverai. Nous nous sauterons au soir. Je me briserai de joie et te tuerai de plaisir. C'est dit. Je n'admets aucun retard, ni aucune excuse. Si tu ne me rejoins pas à Vierzon, je partirai pour Clavières, et je mettrai le feu à ta maison. J'aime mieux te mettre le feu à toi-même, et tu préfères, toi aussi, cette extrémité... Là, c'et définitif, nous nous aimons. J'avale ta bouche, je mange tes seins, je te mors le dedans du ventre - et je m'agenouille devant ma petite sainte violée. Pour le reste, écoute bien. Il me serais impossible de supporter auprès de toi une autre présence chère, si cette présence, - par une intimité parfaite - n'était devenu moi-même... Je t'adore. Tu es la femme si incomparablement supérieure à tous les rêves, que la plus passionnée débauche, avectoi, c'est de la pureté, et de la prière. Je te lèche toute, comme un pèlerin la Madone, et j'entre dans toi, jusqu'au fond de l'autel, comme dans un sanctuaire de vierge, - pas martyre -. Lève ta chemise, donne moi tes flancs, laisse moi boire ton plaisir... ». - S.l., [mai 1895] : « Non, ne laissons pas tout cela. Je t'interdis tout nettement une telle indécence de costume. Mon observation n'a pas été subite ; toute la soirée, je t'avais fait signe de te tenir plus vêtue... En outre, n'essaie pas d'avoir avec moi de l'insolence spirituelle. Je t'aime passionnément, et je n'ai pas d'autre bonheur que la possession ; mais je te défends de ne pas être honorée de mon amour, comme je te défends de laisser tomber ta robe jusqu'au coude. Je dîne avec le père Corneau, au cercle des Deux mondes... à 8 h 1/2. Je t'attendrai devant la porte... ». - S.l., [mai 1895] : « ... Si tu vas à la Gaîté aujourd'hui, sois aussi aimable que possible pour Mallarmé... ». On joint une dizaine de lettres incomplètes, sans doute en raison de la crudité de certains passages.